La société Viking est une société “démocratique”
Le pilier de la société scandinave de la
période viking, c’est le paysan propriétaire, le “ bondr ”. C’est un homme
libre.
il peut assister à l’assemblée des hommes de son
canton,( le “ thing ” dont nous reparlerons), y prendre la parole, y faire appel
à la justice. Homme complet, il est fermier, pêcheur, artisan, forgeron ; c’est
lui qui dirige le culte privé, qui vend les produits de sa ferme ou de son
activité en général, lui aussi qui navigue ou qui combat éventuellement.
Tous les “ bondi ” (pluriel de bondr) ne sont pas égaux cependant. Leur poids
dépend de leur richesse, d’une part, et de l’ancienneté de leur famille. Ces
différences ne sont donc pas figées puisqu’elles peuvent évoluer avec
l’accroissement de la richesse.
La société viking comporte des esclaves, les “
traell ”, serfs de naissance, ou prisonniers de guerre ou encore hommes libres
déchus. Leur statut exact est un sujet controversé pour les historiens, mais on
sait qu’ils existent : plusieurs textes de loi, dans des recueils du 13ème
siècle, mentionnent pour eux la possibilité d’être libérés ou de se racheter.
La famille est très importante :
ses membres sont solidaires, il arrive souvent
que des familles se combattent pendant des générations pour venger l’honneur de
l’un de leurs membres.
Les femmes ont un statut plus enviable que dans
le reste de l’Occident à la même époque. Bien entendu nous connaissons surtout
le statut des femmes de condition privilégiée. Celles-ci, signe de l’importance
qui leur est reconnue, sont mentionnées en grand nombre dans les inscriptions
runiques.
La répartition des tâches est bien définie : la femme remplit les tâches
domestiques, traire, faire la farine, le beurre, la cuisine, les vêtements,
élever les enfants. C’est ce dont témoignent les objets retrouvés dans les
tombes, nécessaires de couture ou de filage par exemple. Elle n’assiste pas aux
assemblées et ne peut faire appel à la justice. Mais dans le cadre de ses
attributions, la femme est très respectée, c’est la maîtresse de la maison. Elle
exerce son autorité sur les employés de la ferme. Quand son mari est en voyage,
c’est elle qui administre leurs biens.
Le mariage est le fruit d’une négociation entre les familles. Il s’appelle “
brudkaup ”, achat de la mariée. C’est plutôt une question d’alliance entre
familles, que d’argent. Chaque famille apporte une somme d’argent. En cas de
séparation (possible mais rare), la femme conserve sa dot (son apport) et son
douaire (somme versée à son intention par le mari).
L’assemblée des hommes libres : Le THING
Le thing est l’institution centrale dans
l’organisation de cette société. C’est l’assemblée des hommes libres, qui a lieu
une ou deux fois par mois, dans chaque canton ; il y a aussi des assemblées qui
regroupent plusieurs cantons. Le thing édicte les lois, rend la justice. Les
vikings aiment les procès, et se défendent eux-mêmes devant le thing. Ils
peuvent aussi régler leurs différends par un duel, au moins jusque vers l’an
1000 où cela sera interdit. Il existe une version scandinave du “ Jugement de
Dieu ”, qui innocente celui qui peut par exemple marcher sans se brûler sur du
fer rouge. La punition du coupable n’est pas la mort, mais le plus souvent le
rachat du préjudice causé à la famille de la victime par une somme d’argent, ou
le bannissement , temporaire ou définitif. L’application de cette peine est
laissée à la vigilance et donc à la puissance de la famille de la victime, car
il n’y a pas d’administration qui puisse y veiller.
Les hommes libres siègent tous au thing, mais leur parole, et aussi les
réparations qui leurs sont dues en cas d’offense, ont une valeur différente
selon la richesse de leur famille et son ancienneté.
Au départ, les très nombreux chefs locaux
élisent un roi, qui exerce ses pouvoirs au demeurant mal connus, par leur
intermédiaire et celui des “ jarl ” (titre équivalent à celui de “ comte ”), et
qui doit leur rendre des comptes. Mais l’époque viking connaît un accroissement
du pouvoir de ces rois, ce qui ne plaît pas aux notables, et parfois les pousse
à chercher ailleurs leur indépendance.
Les rois et l’Eglise ne supprimèrent pas ces
assemblées qui préservaient efficacement la paix dans le pays ; l’aventure
viking n’apporta pas non plus de changement dans l’organisation de la société,
sinon un accroissement de la population, des richesses et du nombre de villes. |